Plonger dans le roman familial avec Adèle Yon
J'ai passé la semaine en compagnie de Mon vrai nom est Elisabeth.
« Coucou Géraldine, je suis en train de lire Mon vrai nom est Elisabeth, d’Adèle Yon. Il y a un passage formidable qui m’a fait penser à notre discussion sur les mythologies familiales. Le livre est passionnant dans son ensemble. »
Ce message, envoyé par une amie, m’a décidée. J’avais vu passer plusieurs articles sur ce titre, paru en février et annoncé comme « la révélation » de la rentrée hivernale. J’avais appris qu’il y était question d’enquête familiale et que l’autrice, jeune trentenaire, était normalienne, chercheuse en études cinématographiques et cheffe de cuisine. Interviews et critiques étaient toujours accompagnées du même portrait :
Entre son CV ou son air impénétrable, je ne sais pas ce qui m’impressionnait le plus. L’ensemble m’avait freinée.
Mes réserves balayées par la remarque de mon amie, je ne suis pas entrée facilement dans le livre pour autant. La narratrice y raconte comment, craignant de devenir folle, elle éprouve le besoin de revenir sur les traces de son arrière-grand-mère - Elisabeth, surnommée Betsy - afin de comprendre si elle n’aurait pas hérité de certains traumatismes de son aïeule.
Au début, j’étais paumée. Je ne comprenais pas qui parlait. Dans cette œuvre hybride, mélange d’enquête, d’essai et de récit autobiographique, il y avait trop de voix, pas assez de prénoms pour se repérer parmi les grands-parents, les frères, les sœurs, les tantes et les cousins.
Pour tenter de m’y retrouver, je me suis mise à dresser, au fil des pages, l’arbre généalogique de cette mystérieuse famille nombreuse. C’est ce qui m’a permis d’entrer dans le livre. Je me suis dit que les recherches d’Adèle Yon étaient si méticuleuses, sa quête si obsessionnelle, que si elle n’avait pas inséré un arbre généalogique pour nous guider, c’est que son choix était délibéré : au lecteur de s’y coller. J’y ai vu une invitation à m’accrocher, à prendre une part active à son investigation haletante.
J’ai plongé. J’ai dévoré une bonne partie du livre en apnée, emportée par son urgence à découvrir ce que Betsy avait bien pu endurer pour être lobotomisée au début des années 1950. Était-elle vraiment schizophrène, comme on se le répétait, de génération en génération ? Plus on avance dans l’entrelac de témoignages, de lettres, de certificats médicaux, plus le doute s’immisce.
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